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un dimanche au canal Saint Martin

1 avril 2014

Il y avait des rumeurs déjà dans ma promotion (autant dire que cela remonte un peu), et puis il y a eu une publication commune de l’ABF, ADBGV et ADBU…les choses semblent se préciser: les conservateurs territoriaux ne seraient plus formés avec les états à l’avenir.

A l’époque où mes fonds des jeans s’usaient sur les bancs de l’enssib j’aurais payé cher pour entendre ce que je voyais comme mon seul salut contre l’ennui. Seulement voilà quelques années ont passé…et je n’aurais jamais pensé écrire ce que je m’apprête à écrire.

Que les choses soient claires: mon regard sur ce que furent ces 18 mois n’a pas changé d’un iota, je me suis ennuyée comme rarement dans ma vie et je crois n’avoir jamais eu le sentiment d’avoir à la fois tant de moyens fantastiques à portée de main et de voir tel gâchis.

Il faut préciser, à la décharge de l’enssib, que sans doute je suis une erreur de casting depuis le début, une fausse externe à quelques mois de pouvoir le passer en interne, avec déjà une solide expérience (extension, rénovation, mise à niveau de collections, marchés publics, réinformatisation, une équipe dite « rock’n’roll », et rebelote nouveau projet d’établissement, architecte, etc…).

Il faut préciser aussi que déjà lors de la formation initiale de bibliothécaire (les 120 jours de la « grande époque », voilà que je me fais l’effet d’un vétéran) j’avais déjà remercié d’un commentaire peu aimable la partie de ma formation assurée par l’enssib, via le CNFPT, d’un « merci mais l’intérêt des bibliothécaires c’est qu’ils savent lire les ouvrages du cercle de la librairie »…oui je sais la diplomatie et moi c’est une longue histoire.

Pourtant je mesure maintenant tout l’intérêt de ce que certains ont baptisées des « fertilisations croisées » (sérieusement j’espère que c’était de l’humour?). Et pourtant ceux qui ont passé ces 18 mois avec moi pourraient vous dire à quel point j’étais peu sociable (je crois bien n’avoir participé à aucune soirée…) et que cela ne c’est guère amélioré depuis, vu le peu de nouvelles qu’ils reçoivent de ma part (même ceux dont j’étais la plus proche)…pour la fertilisation croisée il faudra repasser!

Pour autant un relationnel de noms et de référents se constitue à travers cette formation et fait que l’on sait toujours qui est pointu sur ce sujet ou qui peut me rencarder sur ce sujet. Et c’est précieux. La semaine dernière encore lorsque mes équipes du patrimoine cherchaient un référent sur le sujet du traitement des collections en cas d’infestation ou d’inondation, pour la formalisation de leur plan d’urgence, j’ai réouvert mon dossier et retrouvé rapidement le nom d’un référent à la BnF.

C’est d’ailleurs singulier ce clin d’oeil car le cours de ce collègue (scientifique de métier) est le seul que j’ai adoré et applaudi. Là aussi ceux qui me connaissent vous diront que ma première et ma dernière vocation(s) ne seront jamais les maroquins (citron ou pas) et donc à fortiori les plans préventifs d’urgence…et pourtant ce cours m’a marquée au point que je ne traverse jamais les magasins sans inspecter sur la présence d’éventuels « fauteurs de troubles patrimoniaux » …et que j’ai lu et complété le plan de mes équipes!

Alors oui je me suis terriblement ennuyée à l’enssib, oui tout le programme est à revoir et les intervenants aussi. Mais ce n’est pas nouveau, je l’ai toujours entendu dire, on ne peut donc pas rejeter cette faute sur l’équipe actuelle (et là aussi on peut dire que je n’y ai pourtant que peu d’amis, que je garde quelques solides inimités). Certains intervenants (rares heureusement) commençaient d’ailleurs leurs cours en partageant avec nous leurs interrogations sur pourquoi ils étaient là et de quoi ils devaient nous parler. Je ne peux pas croire que qui que soit, soit invité à former des conservateurs, par l’enssib, sans avoir un sujet ou un thème. Et même si cela était vrai ils pouvaient toujours joindre le chargé d’enseignement pour poser la question.

En évoquant les intervenants je mesure aussi toute la difficulté de l’exercice, je sais depuis mes quelques expériences que jamais je n’écrirais d’ouvrage professionnel, je suis lucide sur mes compétences. Pour autant je pense que mes interventions comme formatrice pour l’ABF ou sur un thème dont je suis spécialiste, sont bonnes. On n’est pas doué pour tout, en tous cas nous ne sommes pas tous doués pour tout (enfin certains si). Il ne faut pas répondre quand on sait ne pas assurer, vous avez donc compris que c’est inutile de me solliciter pour un article et à fortiori un livre et je décline de manière systématique.

 

Maintenant que cela est dit, comment construire et réformer? Parce qu’il n’est rien que je trouve plus inutile que la critique qui ne propose rien.

Il faut ouvrir le concours à des profils autres, c’est une évidence au vu de ce que deviennent nos métiers, d’autres l’ont dit mieux que moi (Daniel Bourrion pour ne pas le citer). Des scientifiques, des informaticiens, autre chose que des enseignants  de sciences humaines à la vocation perdue,  et surtout autre chose que des « bêtes à concours » issus de classes prépas (je le dis avec d’autant plus de liberté que mon profil est …sciences humaines, droit et bête à concours). Il nous faut des spécialistes auxquels proposer des parcours de formation à l’enssib avec un socle commun de culture bibliothéconomique et l’enrichissement de leurs spécificités. Nous avons de plus en plus besoin de spécialistes de l’informatique documentaire, des sigb, des données pour le web sémantiques mais aussi d’architectures informatiques pour discuter sur un pied d’égalité avec nos DSI, pour que nous soyons pleinement acteurs et force de propositions.

Il nous faut des spécialistes dans les domaines juridiques, et si possible qu’il n’y en ait pas que deux ou trois en France. Je pense que les boîtes mails d’Yves Alix, Lionel Maurel et Thomas Fourmeux pourraient nous en être gré. Mais il faut aussi que chaque conservateur sortant de l’enssib sache comment l’on rédige un arrêté d’exclusion temporaire et à qui il s’adresse dans le cas d’un mineur, pourquoi on ne donne pas à l’usager le livre qu’il a abîmé et qu’il rembourse (du moins pas sans un minimum de procédures). Les conservateurs sont ceux qui vont piloter l’adaptation des règlements de leurs établissements, les dossiers de demandes de subventions (MCC, ou européens), qui doivent avoir des bases pour se déterminer sur ces sujets.

Et il nous faut des formations adaptées: je suis toujours un peu effrayée de penser que mes camarades de promo qui n’étaient pas des internes ou de faux internes comme moi, sont sortis sans savoir comment on gère un projet de construction, combien de mètres de livres ou de périodiques on rentre en X m², comment on vérifie que la sécurité des biens et des personnes y seront garanties, comment l’organisation des espaces impacte le management, etc….et comment on applique les normes handicap. Bref des gens à même de suivre des réunions de chantier et de les piloter, parce que oui cela nous arrive (et le jour où cela vous arrivera vous penserez à moi!). Ils pourraient faire comme moi, à l’époque où j’étais bibliothécaire, en lisant les livres idoines, mais l’avantage de la formation commune fait que l’on sait qui est pointu sur ce sujet et donc à qui téléphoner.

 

Au-delà de cela ce que j’ai pu retenir comme incohérences dans ma formation à l’enssib (et encore certains enseignants vont bénéficier de ma mauvaise mémoire):

– 5 intervenants de la BnF et on a eu droit 5 fois à l’histoire de la BnF: outre le fait que nous n’étions pas assez crétins pour ne pas la réviser avant de passer le concours, je suis sûre qu’il se passe suffisamment de choses fascinantes à la BnF pour alimenter 5 cours. La meilleure preuve en a été l’intervention sur les « bêtes et moisissures » (je le rappelle c’est le seul cours que j’ai applaudi). Numérisation? Conservation numérique pérenne? Piloter le changement de normes de catalogage? Management d’un tel établissement? Projets et partenariat dans un tel établissement? et je suis sûre d’oublier encore bien d’autres sujets possibles…mais j’espère que depuis que les intervenants ont eu la possibilité de se coordonner pour évoquer la richesse d’une telle « maison ».

– le jour du cours sur la musique et la vidéo en bibliothèque tous les territoriaux étaient convoqués à l’inset…dommage parce que je crois que nous étions les principaux intéressés! La musique, le cinéma sont des domaines en mutation, sans cesse les DGS nous interrogent sur « pourquoi encore des m² alors que tout se dématérialise? ». Comment construire l’avenir pour nos publics sans un minimum de connaissances sur les modèles, les prestataires et les expérimentations?

– aucune intervention sur la littérature de jeunesse (lacune que je comble progressivement en maudissant l’enssib à chaque fois).  Les enfants représentent une large part du public en territoriale, et il y a des projets à construire et à penser pour eux.  C’était vrai avant la réforme de rythmes scolaires, cela l’est d’autant plus.

– pas assez d’interventions sur l’informatique en lien avec les bibliothèques, mais vraiment pas assez puisque sans être sur un poste avec des responsabilités informatiques ce thème alimente pourtant la majorité de mes lectures dans le fonds pro…Il faut des bases sur les architectures informatiques, sur les modalités  d’échanges de données, sur les portails et comment les enrichir, les formats, les normes.

– un cours sur l’indexation qui a commencé par une « ample » demi-heure sur les indiens je-ne-sais-plus-quoi qui classaient déjà les animaux….ceux qui ont survécu à la dite demi-heure m’ont ensuite assuré que je n’avais rien perdu en cessant d’écouter pour jouer au lancer de morve virtuel (oui c’est une compétence que j’ai acquise à l’enssib et dont je peux dire que je ne me sers jamais au niveau de ma vie pro). Je pense qu’à bac +4 on a tous plus ou moins un tronc commun de culture générale suffisant pour savoir que oui depuis les origines de l’humanité le classement et l’indexation de l’environnement, puis des connaissances a été une question cruciale. Par contre quelles classifications pour quel projet et quelles indexations pour nos usagers cela serait utile? Sinon pourquoi autant de bibliothèques se casseraient-elles la tête sur des espaces thématiques, mixtes ou pas?

– j’ai le souvenir d’un cours dont j’ai eu l’impression qu’il consistait globalement à nous rappeller qu’il fallait dire bonjour, au revoir et merci à la dame…fort heureusement mes parents ne se sont pas contentés de me nourrir ils m’ont aussi éduquée…mais j’étais sans doute déjà devenue de mauvaise foi à ce stade de mon cursus enssibien.

– ma promotion gardera sans doute toujours un souvenir ému de cet enseignant, dont l’enssib a eu la présence d’esprit de se séparer, et qui dans le premier quart d’heure a réussi à affirmer sans sourciller qu' »Aristote n’avait rien compris mais que lui même avait tout compris à tout »…en toute modestie et sans plaisanter.

– je propose que l’on s’inspire des cursus des administrateurs de l’inset, très riches et axés sur la réalité de la vie administrative sous tous ses aspects, mais aussi des formations continues de l’enssib qui sont le plus souvent passionnantes du point de vue de l’actualité ou des fondamentaux thématiques.

– je propose aussi que l’on contacte et sollicite les idées de personnes ayant justement ces profils dont nous avons besoin, ils sont connus de tous ceux qui suivent la biblioblogosphère et ses voisines. Il y a plus d’idées et de propositions qui peuvent émaner de ceux qui justement constatent les besoins au quotidien: conservateurs- apprentis sorciers du code, conservateurs- pourfendeurs du copyright madness, conservateurs- en charge du rayon Mickey et autres conservateurs- spécialistes du marteau piqueur.

– je propose que l’on réforme enfin fondamentalement cette formation sans la séparer complétement de celle des conservateurs d’état, parce que l’enssib est un bel outil, avec des possibilités et que l’équipe en place n’est pas seule responsable de cette situation qui perdure depuis fort longtemps. Et parce que sans parler de « fertilisations croisées », il y a des richesses, des visions à échanger et partager.

Voilà, c’est le fruit d’une discussion au bord du canal Saint Martin un dimanche ensoleillée…..cela n’engage que moi et je ne prétends pas détenir la vérité ou les solutions miracles. Il me semble que cela fait longtemps que des essais de réformes tentent de sauver la formation commune, alors pourquoi ne pas tenter une réforme en profondeur en sollicitant ceux qui en sont issus et qui ont les mains dans le cambouis …de ce qui ne leur fut pas enseigné.

 

PS: petite précision, cet article n’implique pas que je reprends ce blog de façon régulière, mais oui j’accepte que je n’ai peut être pas dis tout ce que j’avais à dire…suivant l’actualité du monde des bibliothèques.

Fin

8 juin 2012

Vous l’aviez constaté par vous même ce blog n’a plus d’actualité depuis 1 an.

Faute de temps, parce que d’autres centres d’intérêt ont pris le pas, mais aussi parce que l’anonymat me manque…donc ce blog s’arrête officiellement aujourd’hui. Dont acte et merci à celles et ceux qui m’ont longuement suivie ici.

Apple versus Archos versus Kindle versus Acer versus…..

23 juin 2011
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Il y a quelques temps de cela je présentais la division en deux camps du monde des bibliothèques à travers l’opposition Rameau vs Blanc-Montmayeur, le débat se renouvelle et évolue.

Dans ma structure le débat s’ouvre et se cristallise autour de deux camps : Apple vs Androïd. Non pas tant du point de vue de nos ordinateurs (là on serait plutôt dans le débat Windows vs logiciels libres sous OS Windows) mais plutôt du point de vue de nos nouveaux outils de médiation : les tablettes.

Afin de préparer une journée découverte  initiation, mais aussi de former nos équipes pour les aider à construire des actions de médiation nous avons fait l’acquisition d’un nombre certain de tablettes et liseuses issues de différents constructeurs. Le but étant également de disposer  d’une offre représentative de celle du marché qui permette à l’usager de se forger son propre point de vue en testant divers matériels.

En charge de ce projet  j’ai donc vu mon bureau se transformer  en bureau du père Noël avec liste d’attente pour la distribution de ces supports auprès de mes collègues pour qu’ils puissent tester le matériel (je conseille l’expérience à tous ceux qui souffrent d’un manque de popularité).

Rapidement les coups de cœur se sont manifestés avec les tenants de l’Ipad et les tenants de l’Archos, certains ont basculé du coté obscur de la force (=lire Ipad). Les clans se sont retrouvés  en opposition, avec des débats  qui ont alimenté les intentions d’acquisition, une commission d’acquisition ad hoc quoi !

Une tablette est morte au combat, paix à son âme. Le Kindle DX sur lequel je fondais tant d’espoirs n’a plu à personne, exit faute de trouver son public (un convertisseur électrique nécessaire pour le recharger hors USB, impossibilité de faire fonctionner le wifi sur notre réseau).

Et puis une tablette est venue, mettant tout même pas mal de monde d’accord l’Acer Iconia, séduisante parce que sous androïd mais présentant la fluidité de l’Ipad que n’ont pas les archos, de mon point de vue. C’est pour moi aussi le gros coup de cœur.

Quelques collègues ont succombé au charme de la samsung Galaxy tab, son format succinct présentant l’avantage d’une hyper mobilité peut être cumulable avec la fonction téléphone, (bien que cela fasse un gros téléphone vu de ma cour)?

Donc nous avons organisé une journée avec des ateliers de présentation, ce qui a impliqué la recherche frénétique et aventureuse d’antivols, arrivés in extremis des USA.

Mais aussi le chargement des dites bêtes. Nos services informatiques ont aimablement accepté de sortir mon ordinateur du proxy afin que nous puissions dépasser le bridage professionnel,  par contre nous avions négligé de demander à avoir les fonctions d’administrateurs sur mon profil….résultat on a chargé depuis nos domiciles. Petit détail pratique nous n’avons pas unifié la création des comptes pour charger des applications, résultats : des Ipad sur comptes perso et comptes pro, des androïd sur comptes perso à usage pro, et quelques mots de passe un peu dans la nature, etc….

Enfin en termes de contenus nous avons massivement utilisé du libre, ce qui réduisait les complications liées à la diffusion en lieu public (mais sur support individuel…juridiquement une question à approfondir suivant les fournisseurs). Nous avons utilisé des contenus fournis également par un de nos prestataires, contenus à destination des bibliothèques (un indice? Numilog). Mais aussi du contenu « maison » : un film réalisé par des ados dans le cadre de nos ateliers multimédia.

Quelques applications réalisées par notre collectivité et deux ou trois sites dont le nôtre.

Les usagers ont été favorablement surpris de voir que les tablettes étaient à leur disposition, qu’ils avaient le droit de les toucher mais aussi qu’ils étaient invités à les manipuler. Nous avions choisi de les installer dans notre café, à coté de l’entrée, dans une posture différente de toute autre présentation (tables hautes et chaises de bar) et nous nous tenions à coté mais parfois en retrait afin d’encourager les timides au passage à l’acte.

Nous avons constaté que nous avions pas mal de questions sur les finalités de ces outils, pas de questions sur les aspects techniques car nous avions réalisés de cartels afin d’éviter le coté « vendeur ». Quelques questions sur les différences tablettes-micro pc, d’autres questions sur les différences tablettes-liseuses (nous avions aussi un large panel de liseuses mises à disposition également). Nous avons eu un ou deux dépannages d’utilisateurs à réaliser, des personnes ayant elles mêmes un support et se trouvant  en difficulté, pas mal d’initiations de paléo digitaux,  et pas mal de femmes.

En soirée une conférence était organisée sur les enjeux du numérique et la lecture nomade, conférence consultable en live et en streaming pour la première fois depuis notre portail (non non nous n’avions pas la pression, ni la peur du plantage technique). Elle a dû avoir du succès car les serveurs étaient bien occupés (les statistiques ne sont  pas encore tombées).

 

 

La suite des opérations allez-vous me demander ?

L’initiation du personnel  se poursuivra tout au long de l’été, passage obligé pour tous avec initiation et manipulation libre, prêt libre du matériel depuis deux mois et reprise courant août des prêts (les agents emportent les tablettes chez eux, en week end ou en vacances). Prêt des liseuses en septembre en lien avec notre fournisseur de ressources numériques et puis ateliers d’initiations à mettre en œuvre pour les tablettes. On va continuer à acheter divers modèles et des contenus intéressants.

La musique a toute sa place en bibliothèque

21 juin 2011
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(Publication simultanée sur les divers blogs des bibliothécaires hybrides)

L’ACIM (Association pour la Coopération des professionnels de l’Information Musicale) publie un texte rappelant les enjeux de la musique en bibliothèque :

La musique est un langage universel propre à attirer et à fédérer tous les citoyens, indépendamment de leurs origines et de leurs catégories socioprofessionnelles. Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans le monde, en revanche la culture musicale est trop souvent négligée au niveau institutionnel en France, excepté dans de rares circuits, et n’a jamais été prise en compte par des acteurs économiques davantage préoccupés par la rentabilité de leurs investissements que par la diversité musicale.

Le défunt Conseil Supérieur des Bibliothèques avait constaté dans ses différents rapports que la place de la musique était encore insuffisante dans les bibliothèques. Alors même que cette situation perdure globalement, la musique en bibliothèque est aujourd’hui fragilisée par la baisse des prêts, le développement de l’écoute et du téléchargement en ligne. C’est ainsi que plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans présenter la totalité de la documentation musicale (livres, partitions, dvd et disques compacts) voire sans musique.

Ce choix nous semble une grave erreur car l’offre musicale en bibliothèque ne saurait se résumer à une borne de téléchargement ou à une ressource en ligne. Si la place du support CD pourrait être amenée à se réduire à moyen terme, sa présence reste pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale hybride, c’est à dire mélangeant collections physiques et collections dématérialisées.

Renoncer à la musique en bibliothèque reviendrait à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des œuvres musicales. Tout n’est pas sur le net et tout n’y est pas visible. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titres annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès lors que l’on sort des musiques de consommation courante.

La musique représente une pratique culturelle majeure dans nos sociétés au même titre que la littérature ou le cinéma. Or les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait aussi, en supprimant des passerelles entre elles, de remettre en cause, pour un public éclectique, l’intérêt pour les collections de littérature et de cinéma.

Rappelons à ce propos l’article 7 de la Charte des bibliothèques qui stipule que : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. »

Enfin il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide d’une offre documentaire large mais aussi de concerts et d’animations sous quelque forme que ce soit (conférences, ateliers de créations musicales, etc.). Dans certains territoires, la médiathèque est le seul point d’accès non marchand à la musique.

En accompagnant ces nouvelles pratiques, les bibliothèques ont un rôle important à jouer dans le domaine de l’éducation et la culture musicale du public, notamment pour les nouvelles générations.

Jeux vidéo

13 mars 2011
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Le groupe Bibliothèques Hybrides de l’ABF travaille depuis quelques temps sur la présence des jeux vidéo dans les bibliothèques et c’est dans ce cadre que nous avons entamé un travail de recensement  avec trois étudiantes de l’IUT Métiers du livre de Bordeaux 3 (Marina Bereau, Marion Lange et Noémie Piau).

A l’heure où les interrogations sont de plus en plus présentes par rapport à ce support et où de nouveaux projets semblent fleurir un peu partout, l’objectif est d’avoir une meilleure visibilité sur le nombre de structures ayant déjà du jeu et surtout sur ce qu’elles en font.
Donc, si vous proposez des jeux vidéo, je vous invite à remplir ce formulaire en ligne. Les données recensées viendront ensuite compléter la carte des jeux vidéo en bibliothèque de jvbib.

Si vous n’avez pas de jeux vidéo mais que vous comptez en proposer prochainement, n’hésitez pas à envoyer un mail à bereau.marina [ chez] gmail [point] com en décrivant succinctement votre projet.

un an de coupure donc.

16 février 2011
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Cela fait un an peu ou proue que j’ai décidé de cesser de publier sur ce blog jusqu’à installation du wifi dans la bibliothèque pour laquelle je travaille.

Que c’est-il passé en un an?

Nous avons changé de SIGB, changé de portail, changé nos outils de travail, changé notre façon de travailler puis nous avons installé le wifi, j’ai cauchemardé au sujet de ces f$ù£*%*s  464 de malheur pendant des mois avant la moulinette définitive.

Ce qui n’a pas changé: je me pose toujours autant de questions existentielles sur ce métier, notre SIGB est tout nouveau tout beau mais ne fait pas toujours tout ce qu’on attend de lui (que ceux qui veulent répondre à cela que c’est un SIGB et pas le père Noël se dispensent de tout commentaire) et notre portail est loin d’être parfait mais il change tous les jours et de plus en plus de monde s’investit dedans.

Voilà ça c’était le point boulot, je parle rarement « boutique » mais là un petit bilan s’imposait.

Coté perso: j’ai un peu retrouvé la foi dans ce métier et la conviction que les choses peuvent bouger bien que cette profession manifeste de plus en plus les symptômes de ce que certains ont baptisé, à juste titre, de « grand corps malade ».

J’ai pu retrouver un certain équilibre entre le mode virtuel et le mode réel ce qui abouti, entre autres, à un taux de production relativement honorable de chapeaux. Oui je sais travailler du chapeau dans nos métiers n’a rien d’original au sens figuré mais moi je le fait au sens figuré et au sens propre.

J’ai trouvé mon rythme dans ce nouveau grade qui est le mien et j’ai cessé de courir en perdant mon énergie et avec le sentiment de ne pouvoir rattraper le retard, je travaille maintenant avec le sentiment de mieux maîtriser le timing et de ne pas me disperser d’urgence en urgence.

J’ai aussi pu décider une bonne fois pour toutes du devenir de ce blog, partagée que j’étais entre clore là l’expérience ou la poursuivre, et perplexe que j’étais sur le sens à donner à cette aventure virtuelle pour les nouveaux articles à venir.

Bilan des opérations: une publication maintenue mais pas forcément régulière, je vais maintenir mon choix de ne pas évoquer la structure pour laquelle je travaille, c’était donc probablement une des dernières fois que je parlais « boutique ».

WiFi…re

20 janvier 2011
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Après une fausse alerte la semaine dernière le WiFi marché de façon totalement sécurisée depuis avant-hier, roulement de tambours officiels et homologués par le service informatique.

roulements de tambours et sonnez trompettes…

7 janvier 2011

…le jour de gloire est arrivé:

Si vous lisez ce post c’est que la borne wifi de la médiathèque où je travaille marche.

Lancement officiel et public de l’OSNI (objet surfant non identifié) prévu pour le mardi 11 janvier 2011 à 12h précises.

PS: je tiendrais parole et reprendrais, en l’honneur de Sainte Ouifi, la publication régulière sur ce blog.

coupure toujours..

30 juin 2010

Si vous vous demandez ce qui se passe et la raison de mon silence c’est que j’attends le wifi dans ma bibliothèque.

Depuis quelques mois je suis avec joie les frémissements des bornes, et guette la perplexité dans l’œil de l’étudiant qui cherche un réseau auquel se connecter.

Donc aucun message jusqu’en septembre et le prochain sera posté sous le soleil du wifi de ma bibli…assise à une des tables de son café en sirotant un bon jus de fruit et en dégustant une part de gâteau…bref les temps changent!

coupure suite…

25 février 2010
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Je rentre et la ligne est rétablie, ainsi que la connexion….c’est tellement plus drôle mais c’est surtout pas mal venu!

Du coup j’en profite pour compléter mon billet d’humeur, et répondre aux commentaires.

Que l’on ne s’y trompe pas, mon agacement est surtout l’expression de multiples interrogations: en quoi aie-je manqué de réponses et de soutien envers mon DSI? En quoi n’aie-je pas su répondre à ses questions techniques? A ses attentes en termes de sécurité? En quoi n’aie-je pas su expliquer à quel point cet outil est utile à nos lecteurs?

Je n’ai jamais pu convaincre un DSI (et mon poste actuel n’ayant rien à voir avec l’informatique je n’ai pas à le faire), ceci dit une collègue plus habile que moi a convaincu notre DSI d’étudier le projet, et a dû donc savoir répondre à ses questions.

Car il faut le dire ce n’est pas bibliothécaire contre DSI mais plutôt « dream team » qu’il faut le jouer. Mais la preuve: ma collègue y est parvenue et j’ai connu cela dans mon premier poste, le DSI est même devenu un ami (pensées amicales pour le merveilleux Daniel)

Sur les relations bibliothécaires-DSI je vous renvoie à l’intervention faite lors du dernier congrès de l’ABF par l’auteur du blog « la bibliothèque apprivoisée »,  ici, Lionel Dujol pour ne pas le nommer, qui illustre nos relations complexes sur un mode humoristique. Et je rappelle que si nous attendons d’eux qu’ils comprennent les besoins de nos lecteurs, ils attendent de nous de comprendre leurs obligations de sécurité et leurs contraintes techniques.


Je ne vante pas le modèle Mac Do comme nouveau modèle de bibliothèque, loin s’en faut! Et l’on ne me fera, entre autres, porter d’uniforme sous aucun prétexte! Ceci dit le coté « venez comme vous êtes » et les horaires élargis me semblent être, dans la mesure du raisonnable, des points dont on peut et doit s’inspirer. Je développe:

– un peu plus d’ouverture ne nuirait pas, et dans tous les cas sans parler d’ouverture pour le plaisir de l’ouverture, au moins des horaires plus en adéquation avec les besoins de nos contemporains (certaines bibliothèques sont tout à fait dans cette adaptation). Pourquoi pas l’ouverture pour le plaisir de l’ouverture? Parce que l’ouverture a un coût et il me semble qu’il faut utiliser les deniers publics de façon raisonnée et efficace. Des fermetures à 19 ou 20 heures ne semblent pas déraisonnables, des ouvertures le samedi en BU ou des nocturnes pendant les examens, mais avant tout cela doit répondre aux besoins des publics

– je m’interroge sur ce qui est souvent présenté comme une sorte de « vache sacrée » des bibliothèques: fermeture les lundis et jeudis, la seconde étant de moins en moins vraie, il faut au moins questionner leurs pertinences. Lorsque j’ai débuté (il y a 9 ans et pas un siècle!) j’ai cru qu’une équipe allait réclamer ma tête juste pour avoir osé poser la question, ce n’était alors pas pertinent d’ouvrir mais 2 ou 3 ans plus tard cela le devenait…d’un commun accord, que se serait-il passé si on s’était interdit de se poser la question?

– les ouvertures tardives ne peuvent pas reposer que sur des non titulaires, même si je pense que pour nombres d’entre eux ils sont tout à fait à même de répondre aux demandes des publics, il faut que tous nous participions à ces ouvertures

– « venez comme vous êtes »: je pense qu’il s’agit de réduire la fracture qui existe parfois entre nos publics et nous (et je ne parle pas de look comme dans la pub). Pourquoi ne pas autoriser les boissons sous couvercle, la nourriture froide par exemple, le bruit dans certaines zones et au-delà: des livres choisis pour leur forte attractivité, acheter systématiquement les 10 premiers des tops des ventes? Et surtout désacraliser les objets culturels, les lieux….les rendre vivants et à la portée de tous

Je lisais hier l’article de « livres hebdo » interviewant Yves Alix, lequel met l’accent sur les évolutions du métier en direction de l’accueil. Je me faisais la réflexion que l’accueil se joue sans doute à la fois sur des grandes évidences (le SBAM commercial que nous savons tous pratiquer il me semble) et des détails infimes mais qui par leurs multiplicités témoignent d’une attention toute particulière, qui semblent dire « on vous attendait, vous…on a pensé à vous »…

voilà, ce post est publié du fond de la couette, avec une humeur apaisée et une profonde tendresse pour les bibliothèques…et surtout la mienne, même sans wifi 😉

(je vais vous sembler terriblement sentimentale mais j’ai encore des frissons lorsqu’elle se laisse apprivoiser par les publics à l’ouverture, il m’arrive encore de rêver devant ses vastes étages et de ressentir de la nostalgie à la fermeture, bref je ne me lasse pas d’elle)

PS: Quelque puisse être mon agacement de l’autre jour je crois que le message subliminal de mon post était surtout qu’entre une bibliothèque et Mac Do il n’y a pas photo, mais pas mal de jalousie pour le wifi en tous cas de ma part…

PPS: j’ai pris Mac Do pour exemple mais ça marche aussi avec Starbuck ou je ne sais qui d’autre encore